Montreuil, Bruxelles, le 24 février 2015 – En plein salon de l’Agriculture, les Amis de la Terre Europe et la fondation Heinrich-Böll-Stiftung publient la version française de « L' Atlas de la viande ». Son constat est sans appel : la production industrielle de viande et de produits laitiers a des effets de plus en plus destructeurs sur les sociétés humaines et l’environnement.
Nous devons revoir radicalement nos modes de consommation et de production de viande et de produits laitiers. Comme le montre ce rapport, le système industriel de production n’est pas viable, car il repose sur des ressources rares comme l’eau et les terres et fait supporter les coûts cachés aux consommateurs. Nous, citoyens, devons reprendre le contrôle de notre alimentation face aux multinationales de l’agrobusiness, si nous voulons réduire ses impacts sur nos sociétés et sur l’environnement.
Avec cet « Atlas de la viande » les Amis de la Terre et la fondation Heinrich-Böll-Stiftung souhaitent provoquer le débat autour d’agriculture et d’une alimentation de meilleure qualité, plus saines et plus durables. Ce rapport propose aussi des solutions claires tant au niveau individuel qu’au niveau politique.
Le rapport met aussi en garde contre les négociations en cours pour le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement entre les Etats-Unis et l’Union européenne et le risque que les normes alimentaires et agricoles soient revues à la baisse, des deux côtés de l’Atlantique. Les multinationales de l’agrobusiness et des biotechnologies veulent affaiblir les règlementations encadrant les OGM dans l’alimentation humaine et animale, et remettent en cause l’étiquetage des OGM. Elles remettent aussi en cause le principe de précaution qui est à la base des normes de sécurité alimentaire, et ont pour objectif de mondialiser et industrialiser toujours plus l’industrie de la viande.
Selon Christian Berdot, co-référent sur l’agriculture au sein des Amis de la Terre France : « Aujourd’hui, notre alimentation n’est plus une affaire privée. Nos choix alimentaires sont aussi des choix politiques qui ont des impacts sur la vie de nombreuses personnes dans le monde, ainsi que sur l’environnement, la biodiversité et les climats. Les aliments présents dans notre assiette engloutissent d’énormes quantités de ressources. Les alternatives existent et sont connues : on peut produire et consommer différemment de la viande et mettre fin à ce système mondial dominant, destructeur, intensif et contrôlé par les multinationales. »
Barbara Unmüßig, co-présidente de la fondation Heinrich-Böll-Stiftung : « La production industrielle de viande n’est pas seulement une torture pour les animaux, elle détruit aussi l’environnement et engloutit de grandes quantités de matières premières que nous importons du Sud pour nourrir nos animaux. L’Europe est, après la Chine, le plus grand importateur de soja. L’Argentine et le Brésil continuent d’accroître considérablement la culture du soja qui est essentiellement mangé par les animaux que nous abattons. En augmentant notre consommation de viande, nous faisons grimper les prix des terres. Les conséquences sont désastreuses : d’un côté, près d’un tiers des terres mondiales sont utilisées pour élever de la nourriture pour les animaux, de l’autre, les petits paysans perdent leurs terres, et leurs moyens de subsistance. Ce steak dans notre assiette est une menace pour la sécurité alimentaire de nombreux humains dans le Sud. »
Le rapport souligne les impacts que la production industrielle de produits carnés et laitiers a sur l’utilisation d’eau douce et de terres. Au niveau mondial, l’agriculture consomme 70 % de l’eau douce disponible. Un tiers est consacré à l’élevage d’animaux. Le secteur de plus en plus intensif de l’élevage est aussi un des plus gros consommateurs de terres et de cultures comestibles : plus de 40 % de la production de blé, seigle, orge et maïs est engloutie chaque année comme aliments pour animaux et un tiers de la surface mondiale cultivée (14 millions d’ha) y est consacré.
La production d’un kilo de bœuf nécessite 15 500 litres d’eau. Avec cette même quantité, on pourrait produire 12 kg de blé ou 118 kg de carottes. Pour produire un hamburger, 3,5 m2 de terres agricoles sont aussi nécessaires.
Contact presse :
Caroline Prak, Les Amis de la Terre France, +33 6 86 41 53 43
Aldo Caruso, Heinrich-Böll-Stiftung European Union, +32 2 74 34 11 4, Aldo.Caruso@eu.boell.org
Pour télécharger le rapport en français : www.amisdelaterre.org/atlasviande et www.eu.boell.org/en/atlas-de-la-viande